En février 2016, les étudiants de l’UCL étaient une nouvelle fois sollicités pour répondre à une enquête concernant la vie affective et sexuelle des étudiants dans le but de mieux définir la prévention en la matière et d’adapter l’offre des services et le partage d’informations.
Au total, 2286 étudiant(e)s ont accepté de répondre à cette enquête concernant la vie affective et sexuelle. Le nombre de répondants est donc important et les données récoltées sont riches d’enseignement pour les acteurs de la vie universitaire et de la vie étudiante.
Le questionnaire abordait plusieurs thématiques différentes et il a donc été décidé que la communication des principaux résultats se ferait via la publication de cahiers thématiques.
Le premier cahier paru en décembre 2016 se focalise sur les connaissances, attitudes, croyances et comportements face aux VIH et aux Infections Sexuellement Transmissibles (IST).
Le terme connaissance est utilisé lorsqu’il s’agit de considérer les réponses des individus relativement à des faits scientifiques établis ; le terme croyance est réservé de façon privilégiée pour qualifier leurs réponses face à des situations d’incertitude ou d’ambiguïté des messages de prévention.
L’échantillon est composé de 54% de femmes et de 46% d’hommes.
35% ont plus de 25 ans ; 34% entre 22 et 24 ans et 31% moins de 22 ans.
En ce qui concerne les expériences en matière de sexualité, les rapports sexuels ont été définis comme des activités sexuelles avec un(e) ou des partenaire(s) impliquant au moins une des pratiques suivantes : pénétration vaginale, pénétration anale ou rapports bucco-génitaux (fellation et/ou cunnilingus). Les contacts intimes sont eux définis comme des activités sexuelles avec un(e) ou des partenaire(s) n’impliquant aucune de ces pratiques.
L’âge médian au premier rapport sexuel – à savoir l’âge auquel la proportion des répondant(e)s ayant eu leur premier rapport atteint 50% – est de 18,6 ans. Mais cette médiane cache surtout l’hétérogénéité des situations et il ne convient donc en aucun cas d’en faire une norme !
→ Les modes de transmission
Plus de 99% des répondant(e)s savent que tant le virus du Sida (VIH) que d’autres infections sexuellement transmissibles (IST) peuvent se transmettre “lors de rapports sexuels vaginaux ou anaux”. Concernant la transmission lors de rapports oraux, ou bucco-génitaux, le degré de connaissance chute sensiblement pour les IST et plus encore pour le VIH.
Les répondant(e)s estiment leur connaissance des modes de transmission di VIH et des moyens de s’en protéger relativement suffisante. Mais il n’en est pas de même pour les IST où plus de 4 répondants sur 10 considèrent cette fois leur degré d’information insuffisant.
→ Les moyens de protection
Autant pour le VIH que pour les IST, deux moyens de protection émergent parmi les réponses : “faire passer un test de dépistage à son partenaire et en attendre le résultat avant d’avoir des rapports sexuels” et “utiliser un préservatif masculin“.
Attention que le résultat du test VIH n’est considéré fiable qu’après un délai de 3 mois. Or cette information n’est connue que par trois étudiant(e)s sur dix.
- L’hétérogénéité des expériences. Relativement aux expériences en matière de sexualité, les vécus des un·e·s et des autres sont très variables. La prévention se doit de prendre cette hétérogénéité en compte.
- La bonne connaissance des risques de transmission du VIH et des IST lors des relations sexuelles, mais… Si la quasi-totalité des répondant·e·s sait que le VIH et d’autres IST peuvent se transmettre lors de rapports sexuels, le cas des pratiques bucco-génitales semble moins connu. L’évolution des discours à propos de ces comportements autrefois rangés dans les pratiques du « sexe à moindre risque (safer sex) » mais dont on mesure aujourd’hui mieux les risques de transmission d’IST n’a peut-être pas été saisie par tou·te·s.
- Le doute face aux modes de transmission « incertains », tels que le don de sang et la transfusion. Face aux difficultés que rencontrent la Croix-Rouge et les hôpitaux à recruter des donneurs de sang, on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a un travail à faire relativement aux croyances des étudiant·e·s en la matière.
- Les IST à l’ombre du sida. Les données l’indiquent, les étudiant·e·s le soulignent, leur information est meilleure relativement au sida qu’aux IST, un peu comme si l’accent mis par les campagnes de prévention sur les risques de contamination par le VIH avait fait passer au second plan les risques de contracter une IST.
- L’expérience, les connaissances et les croyances. Qu’il s’agisse des modes de transmission du VIH ou des traitements du sida, il apparaît que les étudiant·e·s ayant eu plus de trois partenaires ont un niveau de connaissance plus élevé que celles et ceux qui n’ont pas encore eu de contacts intimes.
- Comportements de protection : la dernière génération pas très différente de la précédente. Lorsque l’on compare les précautions prises lors du premier rapport sexuel par les répondant·e·s qui ont eu leur premier rapport sexuel au cours des cinq dernières années avec celles et ceux qui ont fait cette expérience plus tôt, on ne note guère de différences significatives, tout juste la dernière génération parle-t-elle un peu plus du sida en début de relation… mais encore car des données non présentées ici montrent que cette discussion a fréquemment lieu après le premier rapport sexuel.
- Comportements de protection : stabilité et volatilité. Prendre une précaution au début de la première relation accroît la probabilité de la prendre à nouveau ensuite. En cela, il y a donc bien une certaine stabilité des comportements de protection d’un partenaire à l’autre… mais une stabilité toute relative car nombre d’individus agissent différemment d’une relation à l’autre. Cette observation souligne ainsi la nécessité pour les messages de prévention d’envisager des mises en situation.