Les ASBL Univers santé et Arte-fac ont le plaisir de vous présenter l’exposition BCBGenres. Celle-ci accueillera les œuvres des artistes belges Peter Depelchin et de Nel14512 pour aborder les questions de genres.
Informations pratiques
L’exposition aura lieu du 3 février au 10 mars 2022, et est ouverte du lundi au jeudi de 10h à 18h et le vendredi de 10h à 16h. L’entrée est gratuite – port du masque et CST* obligatoires.
Vernissage le jeudi 3 février à 18h.
Adresse : Avenue Hippocrate 50, 1200 Bruxelles
*Pour les événements de capacité supérieure à 50 personnes, le CST est en vigueur.
Au sujet de cette exposition
La société dans laquelle nous évoluons a tendance à cataloguer les individus de manière univoque en ce qui concerne le sexe et le genre. Il peut pourtant y avoir des différences entre les sexes biologiques, les identités de genre, les expressions du genre et les préférences sexuelles. Ce sont d’ailleurs ces spécificités propres à chacun·e qui définissent notre identité et la rendent ainsi unique.
L’art et les productions artistiques jouent également leur rôle dans ces constructions autant que dans les critiques de ces systèmes. A travers les œuvres de Nel14512 et de Peter Depelchin, l’exposition pourra aborder, entre autres, les questions suivantes :
Qu’est-ce que la rencontre entre Pan et Hermaphrodite peut nous apprendre des questions de genres ? De quelle façon est-il possible de représenter les dominations genrées par la sculpture ? A quelles questions transversales ces artistes, si différent·es l’un·e de l’autre, ont-ils choisi de répondre par leurs œuvres respectives ?
BCBGenres est un lieu d’ouverture proposant aux visiteur·ses une forme de dialogue entre, d’une part, des œuvres d’art réalisées par deux artistes interpellés par la société, par le corps ou encore par les questions de genre et de ce qu’elles impliquent et, d’autre part, des informations offertes aux visiteur·ses pour aborder ces thèmes aussi brûlants d’actualité.
Quelques questions aux artistes Nel14512 et Peter Depelchin
Nel 14512 est une sculpteure née en 1986, qui réalise des œuvres symboliques et surréalistes. Elle aime à brouiller les pistes en n’oubliant jamais de nous faire réfléchir, de nous donner la possibilité de nous poser des questions sur ce qui nous entoure ou sur notre propre fonctionnement[1]. |
Peter Depelchin, né en 1985, s’empare de thèmes antiques pour réaliser ses propres œuvres. Entre rupture et continuité, ses créations cherchent, dans une certaine mesure, à poser davantage de questions qu’elles n’apportent de réponses.
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[1] http://www.lagalerie.be/nel-14512/index.htm
Est-ce qu’on t’a déjà interpellé·e sur tes créations et ton identité de genre ?
Peter Depelchin :
Je peux dire avoir été confronté, par des remarques, des questions, des pressions ou des comportements, à des formes de contraintes et de stéréotypes issus du rôle que notre société, encore patriarcale, assigne au genre et à l’orientation sexuelle. Mon identité d’artiste, dont les racines plongent dans mon enfance, est une forme de réaction à ces phénomènes (…).
Mon travail d’artiste joue énormément sur les stéréotypes, les archétypes et tente de les interroger sur un plan qui soit le plus universel possible (…).
Mes dessins entre 2006 et 2014 contiennent une immense anthologie phallus sous toutes les formes possibles. Mon public en a souvent déduit que je préfé- rais les hommes. Cet organe génital, bien que omniprésent dans ces œuvres, n’a pourtant pas, à mes yeux, une signification sexuelle, ni de pulsion sexuelle en soi. Il s’agit plutôt d’une métaphore du pouvoir et de l’abus de pouvoir. Sa présence est sémiotique plutôt que physique.
Nel 14512 :
Je n’ai, ni l’envie, ni le besoin, de m’attribuer un genre, je pense même que cela a fait ma force. J’ai toujours avancé sans me poser de questions à ce sujet et en me donnant la liberté totale de me servir des outils de l’un ou de l’autre, sans distinction (…).
Ma condition de femme biologique ne m’a donc jamais freiné (…) car cela faisait partie de mon inconscient.
J’ai parfois entendu au détour d’un vernissage où l’on ne connaissait pas mon visage , que certaines sculptures semblaient provenir d’une femme ou avoir été traitées avec la “douceur” attribuée aux femmes, alors que d’autres évoquaient plus la main d’un homme “dur et agressif” dans son traitement ou sa réalisation (…)
Mon combat tacite tend à défendre un humanisme applicable à TOUS dans leur singularité, avant un féminisme, une lutte de genres, des classes ou autre.
Quelle est la première œuvre que tu as créée ?
Peter Depelchin :
Est-ce qu’il y a une première œuvre ? Je me souviens d’un cowboy dont ma grand-mère disait qu’il manquait de mouvement. J’avais à peine 6 ans je crois. Je me souviens également de mes études sur la perspective des maisons en bois dans les collines de la Forêt Noire en Allemagne à onze ans. Étaient-elles des œuvres à part entières ?
L’œuvre est probablement le processus ; ni prévisible, ni terminable. Depuis que je sais tenir un crayon, j’ai dessiné et c’est peut-être là, le début d’une grande œuvre.
Nel 14512 :
Le début d’une grande œuvre n’a probablement pas l’apparence qu’on imagine d’elle. Ce mot “oeuvre” je le sens plus approprié à mon processus de création, à la globalité de mes réalisations.
Ainsi chaque nouvelle sculpture vient compléter, préciser l’œuvre d’une vie.
Une œuvre se construit dans le temps, avec recul, précision et patience. La maîtrise des techniques demande un investissement de temps qui est louable, car il aura pour ma part, parfois freiné les ardeurs conformistes d’une jeune artiste à vouloir parfois aller trop vite. La lenteur spépieuse est une valeur qui se peaufine comme tous les arts.
Quelle est ta couleur préférée ?
Nel 14512 :
Le vert citron à toujours créé un émois particulier. J’appelle cela un “Orgasme visuel” les anglais parlent de “Eye-Candy” si je ne m’abuse.
Mais il est probablement intéressant de relier cela à une synesthésie latente.
Plus encore qu’intéressant, cela m’amuse toujours de voir que cette spécificité est encore de nos jours considérée comme un “trouble” voire parfois une “maladie”. La synesthésie étant un phénomène neurologique par lequel des sens normalement non associés, le deviennent de manière durable.
Ainsi pour moi le 1 est blanc, le 2 est rouge et le 3 est vert citron. S’il vous arrive de faire des associations étonnantes, peut-être êtes-vous, vous aussi, touché par ce grand trouble de la synesthésie…
Peter Depelchin :
Je n’ai pas vraiment une couleur préférée car c’est souvent l’ensemble des couleurs ou le contraste entre deux ou plusieurs couleurs qui fait ressortir la force et l’intensité d’une couleur susceptible de m’interpeller.
Si, en revanche, je suis vraiment forcé d’en choisir une, je dirais le bleu ciel : ce bleu clair du haut du ciel en été ou en hiver quand toute la neige se repose et quand les premiers flocons fondent.