Une ville peut prendre un tout autre visage une fois la nuit tombée. Les usages changent, les besoins et les attentes des citoyens ne sont pas les mêmes, les problématiques et les réponses possibles diffèrent de celles de la journée.

La nuit ne peut donc plus être une dimension oubliée de la ville.

De nombreuses villes européennes font face à des enjeux majeurs de gestion de leur vie nocturne, qu’elles doivent pacifier, réguler en même temps qu’elles ont besoin de la valoriser et de la rendre attractive. Elles doivent ainsi apporter une réponse globale et pragmatique qui articule santé, sécurité, gestion et partage de l’espace, mais aussi cohabitation entre les différents acteurs qui l’occupent (secteur festif, riverains, noctambules…).

C’est pourquoi le Forum Européen pour la Sécurité Urbaine (Efus selon son acronyme en anglais) a souhaité mettre en place le projet « Alcool, ville et vie nocturne » avec huit villes françaises qui se sont portées candidates : Bordeaux, Besançon, Brest, Angers, La Rochelle, Lille, Lorient et Nantes.

Le forum a fait appel à l’expertise de Martin de Duve et Anne Sophie Poncelet, d’Univers Santé pour l’accompagner dans la méthodologie d’étude des villes et l’élaboration de recommandations en la matière.

Le projet, soutenu financièrement par la MILDECA (Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives), avait deux objectifs principaux :

• Consolider les politiques et méthodologies d’intervention et d’organisation des huit viles partenaires et renforcer les échanges et confrontations entre villes par des visites de terrain.
• Aboutir à un document de référence présentant les axes de travail incontournables d’une stratégie globale visant à prévenir et réduire les risques liés à l’alcoolisation excessive la nuit.

Deux outils méthodologiques ont été conçus en amont par les experts d’Univers santé :

1. Une carte d’identité qui a permis aux villes de produire un état des lieux des problématiques (délinquance, troubles à la tranquillité publique, usages des espaces publics…) et des ressources locales (services municipaux, institutions, associations, acteurs économiques, service de santé), en s’appuyant sur des données objectives (chiffres, enquêtes…) mais aussi sur des éléments subjectifs, nécessaires également à l’analyse de situation.
2. Un inventaire des actions qui venait compléter la carte d’identité en présentant plus concrètement et en détails les principaux dispositifs mis en place par la ville et ses partenaires.

Ensuite, huit visites de terrain ont été organisées entre décembre 2015 et août 2016. Pour chacune d’entre elles étaient présents : la coordinatrice du projet Efus, un des deux experts et des représentants des deux autres villes du projet.

En une visite de 24h, nous n’avons pu avoir qu’une vision réduite et partielle d’une ville, que ce soit ses dispositifs ou son réseau. Néanmoins, nous avons pu nous rendre compte d’une série d’éléments…

Ces huit villes, de taille, géographie et traditions festives différentes connaissent pourtant des problématiques similaires de gestion de l’alcoolisation massive et de la fête, que ce soit les weekends, les jeudis (voire les mercredis) soirs dévolus aux soirées étudiantes, lors de festivals ou de grands événements (fête de la musique…), et mènent ou soutiennent des actions variées pour prévenir et gérer les excès et nuisances.

Nous avons constaté que la prévention et la réduction des risques étaient bien ancrées dans les actions mises en place et que la plupart des villes témoignaient d’une approche en Promotion de la santé.

Cependant, nous avons également observé le manque cruel d’un plan d’actions et d’une méthodologie pour y arriver. Plusieurs acteurs mettent en place des actions, et ne se coordonnent pas souvent pour une stratégie d’actions plus globale, à partir d’objectifs communs.

Ainsi, nous les avons invités à initier ce travail (qui prend du temps puisqu’il nécessite de rassembler et d’échanger avec le différents acteurs concernés d’une ville), à partir d’une grille aidant à déterminer les objectifs d’un plan d’actions.

La publication finale, reprenant un résumé des visites, les constats et l’ensemble des recommandations établies, est en cours de finalisation et sera diffusée en premier lieu aux villes européennes partenaires d’Efus (dont plusieurs en Belgique).