En cette période de confinement, où l’ennui, la solitude, l’incertitude, le stress ou l’angoisse se mêlent aux informations anxiogènes, nous devons être particulièrement vigilant·es à ne pas développer des modes de consommations d’alcool ou d’autres drogues qui pourraient augmenter le risque de dépendance à moyen terme mais aussi le risque de contracter le COVID-19 et développer de sévères difficultés respiratoires. En effet, les usager·es de drogues et d’alcool sont plus à risques que les autres de développer les complications du virus… Cet article propose une série de conseils de réduction des risques en cette période de confinement.
Les étudiant·es sont-ils·elles des consommateurs et consommatrices comme les autres ?
Les étudiant·es de l’UCLouvain consomment en moyenne 12 verres standard d’alcool par semaine[1] – un verre standard correspondant à 10gr d’éthanol – ce qui est légèrement supérieur aux recommandations du Conseil Supérieur de la Santé Belge, préconisant de ne pas excéder 10 unités d’alcool par semaine à répartir sur plusieurs jours, mais loin des croyances qui suggèrent que les étudiants boivent tou·tes énormément.
Cependant, parmi les étudiant·es buvant au moins deux verres par semaine (non-abstinent·es), la consommation hebdomadaire moyenne s’élève à 22 verres, et la consommation des étudiant·es résidant en kot, KAP, cercle ou régionale, ainsi que les personnes baptisées, calottées et comitardes, est encore plus importante et entre majoritairement dans la catégorie des consommations d’alcool nocives et à risques d’alcoolo-dépendance. Ces profils-là doivent donc redoubler de vigilance.
Quant au cannabis, la consommation des étudiants semble être similaire à ce qu’on observe dans la population générale (11% en ont consommé durant l’année précédant l’enquête – 10,1% dans la population générale belge). Mais, pour rappel, la consommation de cannabis se fait souvent en association avec le tabac et en inhalation plus profonde, ce qui augmente notamment les risques respiratoires et se révèle donc être un risque supplémentaire en lien avec la symptomatologie du coronavirus.
Concernant les autres drogues (hors alcool, tabac et cannabis), elles ne semblent être consommées que par une fraction minime de la population étudiante, puisque 90% des répondant·e·s rapportent n’avoir jamais consommé de produits psychotropes, licites ou illicites. Nous pouvons donc conclure que l’étudiant·e consomme assez peu d’autres substances que celles précitées. Ces données se révèlent plutôt rassurantes, sachant que les produits psychotropes peuvent être source de difficultés sociales et sanitaires parfois importantes et peuvent mettre à mal rapidement les projets académiques de l’étudiant·e.
[1] Enquête UCLouvain sur la consommation d’alcool et autres drogues – 2019
Mais qu’en est-il en période de confinement ?
Ces données ont été récoltées durant l’année académique 2018/2019, mais qu’en est-il pour vous durant cette période de confinement ?
Pour certain·es d’entre vous, votre consommation d’alcool et/ou d’autres drogues a diminué, ce qui peut être considéré comme une bonne chose au regard de certaines consommations parfois problématiques, surtout d’alcool, détectées chez une fraction relativement conséquente de nos étudiants. Pour d’autres, la consommation d’alcool, de cannabis et/ou d’écran peut se voir sensiblement augmentée.
En effet, cette période inédite peut pousser certain·es d’entre nous à consommer d’avantage, pour gérer son anxiété ou encore pour tromper l’ennui, que ce soit seul·e ou lors d’apéros zoom qui se multiplient actuellement.
L’alcool (ou le cannabis) est parfois consommé pour gérer l’anxiété, explique François Beck, chercheur au Centre d’épidémiologie et de santé des populations (CESP-Inserm). Il y a l’anxiété liée au virus et l’anxiété, plus concrète, de se dire : “combien de temps on va devoir tenir comme ça”. Cela dépend de la résilience de chacun, de la manière dont on est entourés. La majorité d’entre nous va probablement retrouver des habitudes normales mais les motifs d’inquiétude concernent aussi le risque de crises aiguës : une alcoolisation qui mènerait à des violences conjugales ou de la violence envers les enfants par exemple. Car le confinement est une situation inédite qui comporte des risques à part entière.
Emilia Bogdanowicz (ASBL Le Pelican) précise que les personnes qui consomment d’habitude de l’alcool dans un contexte social. Celles qui boivent beaucoup lorsqu’elles sortent, que ce soit au restaurant, au café ou en boîte. Ces profils pourraient être tentés de boire à la maison et non plus dans un contexte uniquement social. C’est le cas pour la majorité de nos étudiant·e·s guindailleurs·euses. Ceux·celles qui se reconnaissent dans ce profil doivent faire preuve de plus de vigilance encore quant à l’évolution de leur consommation durant cette période.
Profiter du confinement pour diminuer
A contrario, le confinement peut aussi avoir des effets bénéfiques pour les personnes qui ont l’habitude de boire lors de soirées et/ou avec des amis. Certaines personnes profiteront du confinement pour mieux prendre soin d’elles, faire plus de sport, boire moins d’alcool, de café, de boissons énergisantes, mieux manger, etc.
Bravo ! C’est l’occasion de se (re)prendre en mains pour celles et ceux qui en ressentent le besoin. Attention cependant pour qui présente une consommation d’alcool très importante, vous risquez un sevrage qui nécessite une prise en charge médicale. Dans ce cas, une diminution progressive de la consommation est à privilégier.
Quelques balises pour maîtriser ses consommations en confinement
Nous vous invitons à faire votre propre analyse de vos consommations, prendre connaissance des risques spécifiques liés à l’usage de drogues et le Coronavirus et lire nos conseils de réduction des risques dans les encadrés ci-dessous.
Au besoin, tournez-vous vers les services d’aide et de soutien repris en fin d’article pour en discuter de vive voix afin de déterminer si ces consommations peuvent être considérées comme problématiques ou non et de dégager des pistes pour les gérer au mieux…
Aidez-nous à améliorer notre offre de service en cette période !
Afin de sortir des clichés et d’affiner notre offre de soutien et les actions de prévention, nous vous invitons à remplir un court questionnaire en ligne dont l’objectif est de mesurer l’impact que les mesures de confinement pourraient avoir sur la consommation d’alcool et d’autres substances. Cette enquête s’adresse à toute la population, peu importe votre niveau de consommation (même si vous ne consommez pas du tout). Cliquez ici pour y répondre !
Liens entre usages de drogues et Coronavirus
(Source : Eurotox)
Les usager·es de drogues sont davantage à risque d’être gravement malades ou de décéder du COVID-19 :
- Fumer ou inhaler des produits (tabac, cannabis, crack, cocaïne, meth/speed, etc.) aggrave les problèmes respiratoires
- Le COVID-19 aggrave les dépressions respiratoires provoquées par la consommation d’opioïdes, de benzodiazépines et d’alcool
- Le confinement éloigne les personnes vulnérables des centres de soins de santé physique et mentale
- Le sevrage aux opioïdes, potentiellement induit par le confinement, peut aggraver des difficultés respiratoires
- Les infections au HIV, hépatites virales et cancers du foie, dont la prévalence chez les usager·es injecteurs est plus élevée, affaiblissent le système immunitaire
Les symptômes de sevrage peuvent se confondre avec ceux du COVID-19 (fièvre, douleurs musculaires). Si les symptômes incluent une toux persistante, il est possible qu’il s’agisse du COVID-19.
Les situations de stress ou d’anxiété liées à la pandémie et aux mesures de confinement obligatoires peuvent avoir différents effets sur les usager·es de drogues et les personnes en sevrage ou sous traitement de substitution :
- Envie ou besoin de consommer davantage (risque de surdoses)
- Envie ou besoin de consommer à nouveau après une période d’abstinence (risque de rechute et de surdoses)
- Sevrage contraint ou moindre consommation par manque de produit
- État d’esprit propice aux bad trip
- Manque de matériel stérile et en bon état pour consommer à moindre risque
Il est donc important de prendre soin de soi afin d’apaiser le stress et l’anxiété et de suivre une série de conseils de réduction des risques.
Conseils de réduction des risques liés aux usages de drogues
Appliquer les conseils de réduction des risques permet d’éviter les contaminations au COVID-19, réduire les risques de tomber malade et limiter les risques de surdose (mortelle) dans un contexte où les services de santé sont débordés.
Réduction des risques pour les usager·es d’alcool :
- Ne pas partager les verres, bouteilles ou cannettes avec d’autres personnes
- Ne consommez pas de grosses quantités sans une autre présence physique
- Respecter les repères de consommation à moindre risques :
- Ne pas consommer plus de 2 verres par jour
- Avoir des jours sans consommation
- Ne pas consommer plus de 10 verres standard par semaine
- Pour les femmes enceintes ou allaitante, les jeunes et les adolescent·es, ne pas consommer d’alcool
Réduction des risques généraux :
- Se laver les mains à l’eau chaude et au savon pendant au moins 20 secondes à chaque contact avec d’autres personnes, après avoir touché de l’argent, avant et après la consommation et après avoir reçu/acheté vos produits. Si vous ne savez pas vous laver les mains, utiliser des lingettes à base d’alcool (au moins 60%) ou du gel hydroalcoolique
- Préparer vos produits vous-mêmes: ne pas toucher les produits et matériels des autres et limiter le nombre de personnes qui touchent les vôtres. Éviter au maximum les achats collectifs afin de limiter le nombre de personnes en contact avec le produit. Si le produit doit être partagé, la personne en charge doit veiller à bien se laver les mains
- Ne pas partager votre matériel ni vos produits (verres, joints, cigarette, pailles, seringues, bangs, etc.)
- Nettoyer le paquet ou sachet contenant le produit acheté/reçu de votre vendeur
- Nettoyer votre matériel de consommation et les surfaces de préparation/consommation
- Éviter d’insérer les produits sous emballage dans votre bouche, anus, ou vagin dans le but de les dissimuler. Si vous devez les transporter dans votre corps, prenez soin de les nettoyer au préalable avant et après les avoir retirés
- Éviter de consommer complètement seul·e, en particulier si vous consommez des drogues susceptibles d’engendrer des surdoses mortelles ou pouvant provoquer des détresses psychologiques (fortes quantités d’alcool, LSD, MDMA, héroïne et dérivés, cocaïne, speed, etc.).
- Privilégier le contact à distance (via téléphone, application sur smartphone ou ordinateur) avec un·e ami·e qui restera en ligne
- Si vous consommez à plusieurs : respecter les distances de sécurité (au moins 1,5 mètre)
- Si vous consommez seul·e, commencer par une petite quantité de produit et attendre d’en constater les effets
Services spécifiques aux étudiant·es :
UCLouvain :
- Service d’aide aux étudiants de l’UCLouvain : (aide-sante@uclouvain.be)
- Univers santé : www.univers-sante.be / www.jeunesetalcool.be / nos conseils et bons réflexes sur nos pages facebook et instagram
CPFB :
EPHEC :
- service social : social@ephec.be.
- président du Conseil social, Benjamin Briot : briot@ephec.be.
HE2B – Nivelles :
HELDB :
- SAR (implantation Jodoigne) : Emilie Devosdevos@cnldb.be
- SAR (implantation BXL) : Eléonore Vanopdenbosch sar@cnldb.be
- Service social : Estelle Ciccia (ciccia@cnldb.be)
IPFC :
Accompagnement pédagogique et social des étudiants :
- Alexia Feron (sous-directrice):feron@ipfc-bw.org
- Valentine Boreux (co-responsable de la Cellule d’accompagnement + de l’enseignement inclusif) :boreux@ipfc-bw.org
- Angélique Forthomme:forthomme@ipfc-bw.org ( co-responsable de la Cellule d’accompagnement )
- Séverine Snauwaert (co-responsable de la Cellule d’accompagnement )
Services pour les usager·es (non-exhaustif) :
Ressources en Wallonie :
- Infor-drogues reste à l’écoute des usager·es et leurs proches au 02/227.52.52 et sur infordrogues.be
- Le Pélican (permanence) au 0471/63.78.95 (9h à 16h30)
- Modus Fiesta :
- Chat (Facebook) du lundi au mercredi de 16h à 20h et les vendredis de 18h à 22h
- Permanence téléphonique aux mêmes heures au 02/503.08.62
- Accompagnement « alcool » en ligne : aide-alcool.be
- Aide tabagisme : tabacstop.be
- Ex-Aequo asbl au 02/736.28.61 (9h30 à 17h30) ou info@exaequo.be
- DRUGS’CARE (RdR) : 063/230.500
- CAAT : 069/77.05.74 (mardi et jeudi 13-15h)
- Citadelle : 069/84.04.54 (lundi au vend 13-17h)
- Repères : 068/33.86.90 (lundi, mardi, merc et vend 12h30-15h30 ; jeudi 8h30-12h)
- Parenthèse : sur rdv au 065/35.40.77
- Synapse (RdR) : 0474/80.26.93, 0483/40.22.80, 0471/89.28.46 ou 0498/91.22.99
- Le Phare : 056/84.10.18 (lundi au vend 8-17h)
- Phénix FAMILLES : 0490/11.81.20
- Phénix JEUNES : 0490/44.34.09
- Trempoline : 071/40.27.27
- Le Comptoir (RdR) : 071/63.49.93
- Diapason : 071/30.18.11
- Sésame : 081/23.04.40 (ouvert du lundi au vendredi de 9h-12h30 et de 13h-17h sauf jeudi matin)
- Clinique des assuétudes (santé mentale) : 071/32.94.18
A Bruxelles :
- Changements d’horaires et des services assuétudes : Facebook du Bon Plan de DUNE asbl et sur le site de la Fedito BXL
- Le Pélican au 0471/63.78.95 (9h à 16h30)
- Le RAT maintient son soutien psychosocial au 02/534.87.41
- Infor-drogues reste à l’écoute des usager·es et leurs proches au 02/227.52.52 et sur infordrogues.be
- Modus Fiesta :
- Chat (Facebook) du lundi au mercredi de 16h à 20h et les vendredis de 18h à 22h
- Permanence téléphonique aux mêmes heures au 02/503.08.62
- Accompagnement « alcool » en ligne : aide-alcool.be
- Aide tabagisme : tabacstop.be
- Ex-Aequo asbl au 02/736.28.61 (9h30 à 17h30) ou info@exaequo.be
Permanences d’écoute pour les familles :
- Écoute enfants : 103 (7j/7 de 10h à minuit)
- Urgence sociales sur Bruxelles : 0800/35.243
- Écoute Violences familiales : 0800/30.030 (24h/7j)
- SOS parents : 0471/414 333 (7j/7 de 8h à 20h)