Par Laura Regaglia, stagiaire chez Univers santé
Il existe 200 souches de HPV (Papillomavirus humain). Aussi bien les personnes avec un vagin que celle avec pénis sont concernées ! Certaines souches sont classées comme « à bas risque » : si une personne contracte l’une de ces souches, elle peut attraper des verrues génitales et/ou anales et/ou au niveau de la gorge… D’autres souches sont à considérées à « haut risque » et peuvent occasionner des lésions au niveau des organes génitaux, de la gorge, du pénis… qui risquent d’évoluer en cancers (cancer du col de l’utérus, de la sphère ORL, du pénis…). Dans cet article, penchons-nous sur la question du HPV chez les hommes, qui ne se savent parfois pas concernés !
Les HPV : différents niveau de risque
Lors d’un bilan IST, on propose, en général, au patient de se soumettre à une prise de sang et/ou à un test urinaire. Néanmoins, il n’est pas possible de détecter le HPV via une prise de sang, un frottis vaginal (à ne pas confondre avec un frottis du col de l’utérus), un frottis anal, un frottis de la gorge ou un test urinaire. Des modes de détection pourtant utilisés pour toutes les autres IST. Cette IST n’est donc pas décelée par le biais des « bilans/check-up IST », proposés par les médecins.
La détection des souches à « bas risque »
Cependant, le HPV peut quand même être dépisté lors d’un examen visuel (détection de souches « à bas risque ») chez un·e médecin (médecin traitant, gynécologue, urologue, un ORL et/ou dermatologue) si la présence de verrues existe. Ces verrues, très contagieuses, peuvent se situer au niveau de la zone génitale/anale et au niveau de la gorge. En général, elles disparaîtront au moyen d’un laser.
La détection des souches à « haut risque »
Pour les personnes avec un vagin, le HPV peut également être dépisté (détection des souches à « haut risque ») par un frottis du col de l’utérus (à ne pas confondre avec un frottis vaginal), chez un·e médecin (souvent gynécologue). Ce frottis n’est pas douloureux.
Notez que, dès 25 ans (et jusqu’à 65 ans), le frottis est remboursé tous les trois ans ! Il peut donc sauver des vies et n’est pas à prendre à la légère.
Une personne ayant un vagin peut donc attraper une ou des souches dites à « haut risque », la transmettre et/ou développer des lésions qui peuvent donner, entre autres, un cancer du col de l’utérus.
Pourtant, un individu avec un pénis peut aussi contracter une ou plusieurs souches dites « à haut risque », la transmettre (donc être vecteur sans le savoir) et/ou développer des lésions qui peuvent laisser la place à un cancer (en général au niveau de la gorge/sphère ORL et, plus rarement, du pénis ou de l’anus). Ce qui est étonnant, c’est qu’il semble impossible pour une personne avec un pénis de savoir si elle est porteuse ou non de HPV dits « à haut risque ».
Aucune politique de dépistage pour les hommes ?
Dans cet ordre d’idée, différentes études récentes laissent entrevoir que de plus en plus d’individus avec un pénis développent des lésions dues au HPV au niveau de la gorge/ de la sphère ORL (souvent, suite à des pratiques liées au sexe oral).
Ces lésions peuvent provoquer un cancer de la gorge dans certains cas.
Hanna Balout, médecin généraliste et secrétaire générale de la Société Scientifique de Médecine Générale, explique :
« Pour les garçons, prenons la sphère ORL : le médecin va recevoir un patient qui présente certains symptômes au niveau de cette sphère (qui sont souvent liés à d’autres facteurs, comme le tabac, l’alcool), qui vont causer une modification de la voix. Face à cela, le médecin va mettre en place un bilan médical et à partir de là, il va se rendre compte que tout cela est dû au HPV, grâce à des analyses. Idem pour les cancers au niveau de l’anus et du pénis. »
Valentin Blaison, agent de terrain à Bruxelles, spécialisé dans les IST et chargé du projet de formation auprès des professionnel·le·s de la santé pour l’ASBL Ex Æquo, ajoute :
« Beaucoup de personnes nous appellent pour demander que leur partenaire de sexe masculin fasse un test pour détecter le HPV mais cela ne sert à rien car le partenaire sera certainement positif comme beaucoup d’autres, mais ce n’est pas parce qu’il est porteur qu’il est très contaminant et, même s’il l’est, il n’y a pas grand chose à faire, à part arrêter toute vie sexuelle avec cette personne. Ce qui est non envisageable ! ».
Il n’existe donc pas de politique de dépistage massive du HPV chez les hommes. Hanna Balout analyse les raisons :
« On ne va pas proposer un frottis HPV au niveau de la gorge, du pénis ou de l’anus car même si l’on détectait des lésions dues au HPV, on n’aurait pas de traitement curatif à proposer et, en plus, cela ne veut pas dire que la personne va développer un cancer, non plus. Faire des dépistages massifs ne ferait qu’angoisser les individus, vu que l’on n’aurait pas de solution. On suggère à la population des dépistages seulement lorsque les symptômes sont « non incommodants » et lorsque l’on sait offrir un traitement curatif. Pourquoi réalise-t-on un frottis du col de l’utérus chez une personne avec un vagin? Parce qu’il y a un traitement à la clef.»
Finalement, en cas de verrue(s) sur (ou aux alentours) de la zone génitale ou de l’anus, il est important d’aller consulter un·e médecin.
Une personne avec un vagin ne doit pas oublier d’effectuer un frottis du col de l’utérus tous les trois ans!
Il ne faut pas perdre de vue que le HPV est très volatil et peut même se transmettre par le biais d’une simple caresse sexuelle et que le préservatif n’offre pas une protection optimale contre cette IST.
A l’heure actuelle, la meilleure façon de se protéger du HPV, que la personne ait un vagin ou un pénis, c’est de se faire administrer, même adulte, le vaccin contre le HPV.
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