Par Laura Regaglia, stagiaire chez Univers santé
Le HPV est une infection sexuellement transmissible qui comprend près de 200 souches : certaines qualifiées comme « à faible risque », qui donnent généralement des verrues sur ou autour de la zone génitale ; d’autres à « haut risque », qui peuvent occasionner des lésions et puis, des cancers (de l’utérus, de l’anus, de la vulve, du vagin et de la sphère oro-pharyngée).
Tant les personnes ayant un vagin que celles pourvues d’un pénis peuvent le contracter. Heureusement, il existe un vaccin pour lutter contre cette IST : le Gardasil 9. Il protège contre 9 souches problématiques du HPV, dont celles à “haut risque”, responsables, par exemple, du cancer du col de l’utérus.
Dans cet ordre d’idée, depuis plusieurs années, les jeunes filles et garçons sont vaccinés gratuitement en deuxième secondaire, via la médecine scolaire. En effet, pour qu’il soit le plus optimal possible, il est important d’administrer le vaccin avant le tout premier acte sexuel.
Hanna Ballout, médecin généraliste et secrétaire générale de la Société Scientifique de Médecine Générale, explique :
« On choisit cet âge parce qu’on arrive suffisamment à les suivre et parce qu’il n’y pas encore eu d’exposition à des comportements sexuels actifs. Ces personnes vaccinées développeront donc une meilleure immunité face au HPV. »
Et à l’âge adulte, peut-on encore se faire vacciner ?
Valentin Blaison, agent de terrain à Bruxelles, spécialisé dans les IST et chargé du projet de formation auprès des professionnel·le·s de la santé pour l’ASBL Ex Æquo, explique pourquoi, selon lui, la vaccination est importante, même lorsque l’on est adulte :
« Le vaccin protège contre 9 souches problématiques du HPV. Même si le vaccin perd en efficacité, si l’on a déjà été face à des souches du HPV (« présentes » dans le vaccin), il reste quand même efficace. Par exemple, à 30 ans, il n’est pas dit qu’une personne ait déjà rencontré les 9 souches contre lesquelles le vaccin protège. De toute façon, ce vaccin va quand même protéger contre les souches déjà rencontrées mais un peu moins bien. A côté de cela, il va empêcher les risques de récidive si la personne a déjà présenté des lésions ou des verrues et peut même affaiblir l’évolution négative d’un virus que la personne a déjà attrapé. En fait, il n’y a pas de grosses contre-indications à procéder à ce vaccin. »
Quel est le public cible de ce vaccin ?
Toute personne peut recevoir le vaccin mais les personnes homosexuelles et bisexuelles, ainsi que celles immunodéprimées ou vivant avec une transplantation, sont particulièrement concernées. Hanna Ballout souligne :
« Il faut être vigilant pour les hommes qui pratiquent le sexe avec d’autres hommes, surtout ceux qui sont touchés par le VIH car cela diminue leur immunité donc il faut être plus pro-actif dans la recherche de lésions. »
Valentin Blaison ajoute qu’effectivement certains groupes risquent d’être plus touchés par le HPV que d’autres : « On encourage les personnes homo et bisexuelles à, au moins, faire une dose sur les trois. Cela est moins protecteur que trois doses mais c’est mieux que zéro dose. Parfois, on observe qu’ils font les autres doses par la suite, pour terminer le schéma vaccinal. »
Un vaccin à quel prix ?
Il est important de souligner que le vaccin a un certain coût, qui n’est pas remboursé, une fois adulte. Hanna Ballout explique :
« Il faut trois doses (à 130 euros la dose). Il ne faut pas oublier qu’il y a quand même pas mal de cancers liés au HPV, peu curables (comme celui de l’œsophage). Si on met en parallèle trois doses de vaccin ou le fait de se faire raboter l’œsophage en cas de cancer… De plus, presque 100% des cancers du col de l’utérus sont dus au HPV. Le vaccin peut être vu comme un investissement pour toute une vie… »
Mais soyons clairs : le vaccin ne dispense pas une personne avec un vagin d’effectuer un frottis du col de l’utérus (pour détecter de potentielles lésions cancéreuses ou la présence d’un cancer du col de l’utérus) chez un·e gynécologue. Ce frottis du col est d’ailleurs remboursé, tous les trois ans, dès 25 ans.
Finalement, l’utilisation du préservatif interne, externe et du carré de latex est fortement conseillée pour se protéger de cette IST – mais elle est non optimale, vu que cette IST est particulièrement volatile et se transmet même par simple caresse/ contact sexuel.
Envisager un vaccin, même une fois adulte, peut être une solution, bien qu’onéreuse. Mais cette vaccination ne protège pas contre tous les types de HPV et, chez les personnes avec un vagin, elle ne remplace pas le dépistage du col de l’utérus chez un·e gynécologue!
Envie d’en savoir plus sur le HPV ? Cet article t’aidera à mieux comprendre cette IST !