« La résilience » : vous avez sans doute déjà entendu parler de ces termes, mais peut-être sans trop savoir de quoi il s’agissait exactement. Pourtant, dans le contexte de crise que nous traversons actuellement, la résilience peut particulièrement faire écho tant au niveau individuel que sociétal… Intéressons-nous à cette notion d’un peu plus près.
Ce concept, développé par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik à la fin des années 90, est en effet aujourd’hui fréquemment évoqué, dans la perspective d’un renouveau à venir.
Celui-ci définit la résilience comme l’aptitude d’un corps à résister aux pressions et à reprendre sa structure initiale. En psychologie, la résilience est la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité.
Il semblerait qu’il existe des déterminants génétiques prédisposant à une évolution résiliente. Mais fort heureusement, si la résilience mobilise des capacités dont nous ne sommes pas tous dotés, elle peut être encouragée en développant certaines aptitudes. Chacun possède ainsi des ressources et peut développer des compétences l’aidant à traverser une épreuve.
Adrien Bailly, psychologue spécialisé en neurosciences cognitives et comportementales, aborde la résilience sous l’angle de l’intelligence émotionnelle.
Selon lui, la résilience peut être définie par la présence de facteurs protecteurs (personnels, relationnels, situationnels et philosophiques) qui nous permettent de résister aux facteurs de stress et ce, pour surmonter l’adversité. Ces ressources protectrices sont mobilisées par notre capacité à mettre de la cohérence sur les événements.
Cela implique 3 choses :
Premièrement, comprendre intellectuellement ce qui nous arrive. C’est-à-dire, percevoir la situation en termes structurés, ordonnés et clairs qui nous permettent notamment d’évaluer et de prévenir les situations futures. La compréhension et l’anticipation des événements à venir réduisent l’incertitude, source de stress.
Deuxièmement, concevoir que nous disposons des atouts nécessaires pour s’en sortir. Pour cela, nous pouvons aussi compter sur les ressources de nos proches. Imaginer ces ressources potentiellement disponibles nous fait déjà du bien.
Troisièmement, avoir l’énergie émotionnelle suffisante pour gérer la situation. Cela nécessite d’entrevoir la situation comme un défi que nous pouvons relever et dans lequel nous voulons investir du temps et de l’énergie.
Nous avons certainement déjà tous vécu des moments difficiles. Face à un bouleversement, il est normal de ressentir des difficultés, d’appréhender l’avenir, d’être parfois anxieux, irritable, triste… Tout individu, comme toute société, a déjà subi des crises et les a traversées. Les choses rentreront progressivement dans l’ordre. Il faut se laisser du temps et accepter les émotions qui peuvent survenir dans ces moments-là.
Et si par le passé, nous avons déjà pu surmonter certains passages à vide, nous pouvons encore le faire aujourd’hui en activant ces mêmes ressources. Qu’est-ce qui nous permet d’aller mieux ? Que fait-on habituellement quand on va moins bien ? Prendre un bain, faire du sport, lire un bouquin… sont autant de moyens que chacun peut mettre en place pour prendre soin de soi.
Mais la résilience dépend également de son environnement, qui est important pour surmonter des épreuves. S’entourer de ses proches, même sans les voir à 1,5m de distance, est essentiel. Les moyens de communication actuels nous permettent de rester en lien et d’échanger, alors entourons-nous des personnes qui nous font du bien.
L’épidémie de Coronavirus nous déstabilise, chamboule nos habitudes de vie et nous laisse face à un avenir inconnu. Mais cela nous invite en même temps à redéfinir nos vies, nos sociétés et nous renvoie aux limites de l’être humain. S’arrêter pour la santé de tous, se retrouver face à soi-même pour le bien d’autrui, c’est peut-être déjà un pas vers la résilience, en développant les ressources individuelles et collectives nécessaires à traverser cette épreuve…
Pour aller plus loin…
Comment l’épidémie de Coronavirus redéfinit-elle nos vies ? Comment la philosophie peut-elle nous aider à bien vivre ces moments étranges ? Quelle sagesse pouvons-nous déployer ? Réponses avec le neuropsychiatre, psychanalyste et écrivain, Boris Cyrulnik, le directeur de la rédaction du Philosophie Magazine, Alexandre Lacroix, et la philosophe Claire Marin, en suivant ce lien.