Entre les cours, le job étudiant, les sorties, quatre étudiants ont trouvé du temps pour participer à un cycle de 3 ateliers-cuisine à Univers Santé lors desquels plusieurs questions autour de l’alimentation ont pu être abordées.
D’après plusieurs enquêtes, notamment deux réalisées à Univers Santé, on constate que les habitudes alimentaires des étudiants ne sont pas toujours optimales pour la santé : souvent déficientes en fruits et légumes, en féculents, en poissons, en produits laitiers, mais excessives en viandes, boissons sucrées, et autres produits gras et/ou sucrés.
D’après une étude de Dielens et al. [1] publiée en 2014 et réalisée auprès des étudiants, il est montré que des connaissances sont nécessaires pour modifier les habitudes alimentaires vers des habitudes saines améliorant la santé.
Mais ce n’est d’ailleurs, et de loin, pas le seul facteur intervenant dans le comportement alimentaire. Les compétences culinaires y jouent un rôle également, comme le montre le modèle de Furst et al. [2] (1996) (en les déterminant comme des ressources) et d’autres études, comme celles de Jones et al [3] (2014) ou de Garcia et al. [4] (2016).
C’est sur ces hypothèses de base que le cycle d’ateliers-cuisine était proposé par une étudiante, dans le cadre de son TFE (Bachelier en Diététique), et organisé par Univers santé. Le but de ce cycle était d’agir en promotion de la santé : de développer les connaissances en nutrition et culinaires des étudiants, ainsi que leurs compétences culinaires, dans le but de modifier sur le long terme leur comportement alimentaire afin qu’il soit le plus sain possible.
Seuls trois ateliers culinaires n’allaient pas changer de façon radicale les comportements alimentaires de ses étudiants. Il aurait fallu pour ce faire, les suivre pendant des mois et également tenir compte de leur l’environnement (figure 1).
L’idée était donc d’évaluer en fin de cycle les petits changements opérés par les participants dans leurs habitudes alimentaires tels que « maintenant j’essaye de consommer moins de snacks, un peu plus de fruits et légumes » ; « j’ai décidé de me préparer mes plats quelques fois pour le midi dans la semaine alors qu’avant j’achetais des sandwichs » etc.
Ces ateliers cuisine étaient un moyen « facile » de partager des connaissances en nutrition et culinaires, et des compétences, puisque nous apprenons et retenons plus facilement en faisant. L’objectif était donc qu’ils gagnent en savoirs et en savoir-faire.
Quelles recettes ont été cuisinées ?
Les recettes figurent toutes sur le site d’univers santé en cliquant ici.
Ce sont des recettes simples, assez rapides, durables, et bon marché.
Chaque atelier avait une thématique particulière.
Le premier atelier était consacré aux fruits et légumes (Velouté au céleri et aux poires ; pain de volaille miel-pommes, stoemp et salade de panais et de carottes ; Moelleux au chocolat green).
Le second atelier portait sur les légumineuses (Houmous et tapenade de lentilles ; burger végétarien et légumes au four ; pommes épicées aux pistaches et aux raisins secs).
Et le troisième avait pour thématique les céréales (salade de chou-rouge, chèvre et sarrasin ; boulghour gratiné aux tomates et basilic, filet de poisson meunière et poêlée de légumes ; cookies aux flocons d’avoine).
Quels en sont les résultats ?
Il semblerait que les étudiants aient progressé au niveau de leurs compétences culinaires (évaluées par les animatrices pendant les ateliers) :
- Au niveau de l’organisation
- Au niveau de la technique : ils appliquaient, par exemple les techniques enseignées avec moins d’hésitation et utilisaient le matériel de façon adéquate
- Au niveau de l’hygiène lors de la préparation des repas
Les étudiants étaient tous d’accord sur le fait d’avoir développé leurs compétences culinaires.
Pour ce qui est du goût, les recettes étaient correctes, goûteuses pour les 3 ateliers mais il n’y a pas eu de changements notables au niveau de l’assaisonnement, de la créativité, et certains aliments (non principaux par exemple) étaient parfois oubliés ce qui modifier un peu le goût de la recette de base.
Ces progressions se sont remarquées d’ailleurs, dans le temps prévu pour les ateliers : qui était beaucoup trop court au premier atelier, pour être totalement adapté les fois d’après. Le développement des compétences culinaires n’est pas la seule explication de ce changement mais en serait la meilleure explication. Ce serait grâce à ces progrès que les étudiants ont déclaré cuisiner davantage depuis les ateliers notamment, ou du moins, avoir envie de refaire les recettes.
Leurs connaissances en nutrition et culinaires ont aussi évoluées. Celles-ci ont été évaluées via les deux questionnaires réalisés par l’étudiante et remplis par les étudiants. Les mêmes questions portant sur les recommandations de la pyramide alimentaire ont été posées au début et en fin de cursus afin d’en retirer les savoirs des étudiants. Le nombre de bonnes réponses a fortement augmenté : ils ont mémorisé la majorité des messages.
Les étudiants ont également découvert des aliments tels que le panais, le sarrasin, le boulghour…
Enfin, leur vision de l’alimentation équilibrée a changé : ils avaient tous une « vague » idée des recommandations pour l’alimentation équilibrée largement médiatisées : 5 fruits et légumes par jour ; manger ni trop gras ni trop salé… mais en termes de précisions et de quantités, pas vraiment. Les ateliers leur ont permis de voir ce qu’est une alimentation équilibrée concrètement, et de comprendre qu’une alimentation variée, en se faisant plaisir, et à l’écoute du corps est la clé de la santé.
Les étudiants étaient-ils satisfaits ?
Les étudiants ont attribué une note moyenne de 9,4/10 aux ateliers. Ils ont apprécié le fait de découvrir, d’avoir des recettes adaptées à leur budget, et leurs niveaux en cuisine surtout. Ils ont aimé également l’animation : avec des animatrices compétentes, explicites, attentives aux remarques, et motivées/motivantes. Ils y participeraient tous si des ateliers étaient de nouveau organisés à Univers Santé.
Quelles conclusions ?
Les objectifs principaux ont été atteints : les ateliers cuisine sont par conséquent un bon outil pour la promotion de la santé chez les jeunes. Avec plus d’étudiants participants, plus de séances, les progrès auraient été plus marqués.
Les étudiants font tous plus attention à leur alimentation après les ateliers ; et deux étudiants ont changé leurs habitudes alimentaires. Ce résultat était attendu puisqu’il faudrait agir sur d’autres facteurs (cf schéma des déterminants de la prise alimentaire) et ce, pendant des mois, pour avoir un résultat effectif sur leurs habitudes alimentaires : en attendant, ils ont gagné en connaissances et en compétences culinaires, un bon pas vers l’alimentation saine !
Ce cycle d’ateliers-cuisine a donc permis de joindre l’utile à l’agréable pour les étudiants comme pour les animatrices.
A refaire !
Notes
- Determinants of eating behaviour in university students : a qualitative study using focus group discussions. Tom Dielens, Peter Clarys, Ilse De Bourdeaudhuij et Bénédicte Deforge
- Food choice : a conceptual model of the process. Furst T, Connors M, Bisogni CA, Sobal J, Falk LW.
- Perceived motivators to home food preparation : focus group findings. Jones SA, Walter J, Solilah L, Phifer JT
- Community Interventions to Improve Cooking Skills and Their Effects on Confidence and Eating Behaviour. Ada L. Garcia, Rebecca Reardon, Matthew McDonald et Elisa J. Vargas-Garcia