La prévention pour mieux manger et bouger : oui mais pas n’importe laquelle !
Les campagnes qui visent à promouvoir l’activité physique et une consommation adaptée ne s’avèrent pas toujours aussi efficace qu’on aurait pu l’espérer…
L’augmentation du surpoids et de l’obésité est généralement attribuée à une sédentarisation des modes de vie et à une surconsommation d’aliments trop riches en sucres et en graisses. Les conséquences négatives de cette « épidémie » d’obésité ont été largement documentées en matière de santé et sur le plan économique. Depuis peu, les conséquences environnementales liées aux modifications de nos habitudes alimentaires ont également suscité de légitimes inquiétudes.
Dans ce contexte, des campagnes qui visent à promouvoir l’activité physique et une consommation alimentaire plus adaptée prennent tout leur sens. Malheureusement, ces campagnes s’avèrent souvent moins efficaces qu’on ne pourrait l’espérer. Pire, des recherches suggèrent l’effet potentiellement néfaste de messages préventifs associés aux publicités alimentaires. Par exemple, promouvoir l’activité physique peut inciter un consommateur à manger plus en concluant (à tort) qu’il lui suffira de faire du sport le lendemain. Ou encore, présenter le message « mangez 5 fruits et légumes par jour » au bas d’une publicité pour un hamburger peut conduire un consommateur à sous-estimer la teneur calorique de ce produit, et l’inciter à choisir un dessert plus calorique.
Les ressources financières allouées à la recherche en matière de prévention sont très largement inférieures aux dépenses affectées au marketing alimentaire (lequel promeut massivement la consommation d’aliments nutritionnellement douteux). Pourtant, une recherche scientifiquement solide en matière de prévention pourrait s’avérer très rentable en regard des défis auxquels nos sociétés sont aujourd’hui confrontées. La même tension peut donc être observée pour les décisions politiques de financement et les choix de consommation : la satisfaction d’immédiates nécessités ou la durabilité du bien-être individuel et collectif.
Olivier CORNEILLE, Professeur à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation et Président de la Psychological Sciences Research Institute